jeudi 13 septembre 2012

La Bible (du graffiti) en français.

   Je viens de mettre la main sur Subway Art et étant relativement motivé, je me suis dit que j'allais traduire le dit-bouquin. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra mais on verra à la fin ce que ça donnera, il s'agit naturellement d'une traduction officieuse et sujette à caution quant à certains termes difficilement traduisibles dans notre bonne vieille langue française. Je suis ouvert à tous commentaires pour des précisions qui pourraient rendre la traduction plus fidèle. Bonne lecture!

SUBWAY ART
Introduction pages 6-7

   Alors que des milliers de gamins apposent leur nom partout dans New-York, les chef d’œuvres qui apparaissent dans ces pages demeurent assez rares. Les « writers » rencontrent de nombreux obstacles dans la poursuite de leur but ultime :  « embraser une ligne de métro ». Ils travaillent dans le noir, entourés de dangereuses machines et d’un troisième rail sous tension, ou bien en équilibre sur les traverses de voies placées haut au-dessus des rues. Peindre son nom sur les métros de New-York est illégal, et les « writers » doivent être prêts à filer se mettre à l’abri à tout moment en cas de descente de police. En plus de ces périls, ils doivent supporter les colères de leurs parents furieux et les attaques de rivaux dans les rues. 
    
   Tous ces risques ne garantissent pas le succès. Un « writer » ne peut jamais savoir à l’avance si ses travaux seront même simplement vus. Les New-Yorkais qui prennent le métro quotidiennement sont très susceptibles de rater la crème des travaux des graffeurs. Les graffeurs rivaux barrent littéralement leurs noms les uns les autres et l’autorité gérant le métro nettoient systématiquement les métros à l’aide de dissolvants caustiques. Peu de « pièces » survivent longtemps, dans les faits, elles sont même souvent supprimées avant de quitter les dépôts. En conséquence, il est rare que plus d’une pièce intacte ou deux passent sur la totalité du réseau à la fois.

   Pour obtenir les photos de ce livre, les auteurs ont passé des milliers d’heures à la poursuite des trains dans le réseau labyrinthique du métro. Pendant des années, ils ont travaillé séparément, inconnu l’un de l’autre, photographiant ces travaux furtifs. Leurs méthodes étaient dissemblables, découlant de points de vue différents.

   Marty, une photojournaliste, prit des clichés des « writers » en action poursuivant leur vocation. Elle photographia leur art sur trains qui s’inscrivait dans le contexte d’un environnement urbain plus global. Pour en arriver là, elle dénicha des emplacements à proximité de voies aériennes, où elle pouvait cadrer les trains qui passaient avec l’arrière-plan de son choix. Elle passa de nombreux jours dans des terrains vagues ou bien sur les toits d’immeubles abandonnés dans le South Bronx, attendant parfois trois heures pour voir passer un train en trois secondes.

   Henry commença à photographier les trains de manière à archiver cet art éphémère. Etant lui-même un artiste, il porta son attention sur la peinture, en l’isolant de son environnement. Un wagon de métro fait soixante pieds  (environ 18 mètres) de long et ne peut pas être pris dans son intégralité à quai avec un objectif 50mm normal. Lorsqu’il est vu d’un angle, les détails de la peinture qui se trouve à l’extrémité la plus lointaine ne sont plus visibles. Henry mit donc au point une méthode peu orthodoxe de prise de vue : il se mit à attendre les wagons peints récemment des métros aux stations aériennes sur le quai opposé à celui sur lequel les métros qui arrivent déchargent et embarquent leurs passagers. Lorsqu’un de ces wagons graffés arrivait, il prenait une série de quatre photos en faisant les quelques pas nécessaires pour prendre chacune des sections du métro. Plus tard, il acheta un appareil photo automatique qui lui permit de prendre des séries de clichés à partir d’un seul endroit lorsqu‘un train sortait d’une station. De cette manière et sur une période de sept années, il archiva environ cinq cents peintures qui n’existent plus. 


   Au cours de cette période, les photographes se lièrent d’amitié avec les auteurs de graffiti. Dans les faits, ce sont même ces derniers qui présentèrent les photographes l’un à l’autre. Marty et Henry découvrirent que leurs approches étaient complémentaires et qu’en joignant leurs forces, ils offriraient une meilleure image du graffiti en tant que forme d’art et partie prenante de la vie New-Yorkaise. Lorsque les « writers » eurent vent de cet intérêt porté à leur travail, ils tinrent les photographes informés dès qu’une nouvelle « pièce » tournait sur le réseau.

   Même si savoir qu’une « pièce » existe et où elle est éventuellement simplifie la tâche dans une certaine mesure, obtenir un cliché peut toutefois s’avérer très pénible. Cela prend environ quatre heures à un train pour faire un aller-retour de la 241ème rue dans le Bronx, de passer dans Manhattan pour arriver à New Lots Avenue à Brooklyn. Mais même attendre une demi-journée ne garantit pas une récompense. Il est dur de prédire de quel côté la pièce se trouvera; le wagon peut ne pas quitter le dépôt du tout; des heures peuvent être passées à attendre patiemment une « pièce » et juste quand elle arrive, un train arrive de la direction opposée, obstruant la vue. Cependant, tout ceci semble bien faible comparé à l’euphorie ressentie suite à la prise réussie d’une « brûlure fraîche ».     

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