jeudi 22 novembre 2012

   La gratuité a de drôles de limites, un Go de plus me voilà forcé d'aller ailleurs, la suite logique sur 


mardi 13 novembre 2012

"L'amour, c'est comme l'alcool, plus on est impuissant et soûl et plus on se croit fort et malin, et sûr de ses droits" Céline
Voyage au bout de la nuit









lundi 12 novembre 2012

Interview Henry Chalfant - Amoeblog

article original : 
http://www.amoeba.com/blog/2009/07/jamoeblog/subway-art-photograper-henry-chalfant-interview.html 

Dans quel ordre chronologique, vous êtes-vous mis à prendre les photos de Subway Art, vous et Martha Cooper ?


Martha Cooper a commencé à prendre des photos en 1978 lorsqu’elle a rencontré DONDI, j’avais commencé quelques années auparavant lorsque j’ai su que les trains ne roulaient pas que sous terre. Etant donné que je venais de l’extérieur, je ne savais pas, mais lorsque j’allais jusque dans le Bronx, je me disais : « Ouah, il y a des métros surélevés. Là, je peux prendre des photos ». Avant ça, je n’en avais vu que dans les tunnels et je m’étais dit que ce serait bien de prendre des photos mais qu’elles seraient horribles.     

Martha Cooper et vous, venez de milieux différents et avez également adopté deux approches photographiques distinctes, est-ce exact ?

Oui. Martha est photojournaliste et était déjà photographe professionnelle depuis des années, elle travaillait sur une série d’histoires mettant en scène des enfants qui inventaient leurs propres jouets à New-York et c’est par ce biais qu’elle est arrivée au graffiti. Pour ma part, j’étais artiste, sculpteur, et je suis tombé dessus car j’éprouvais une admiration pour l’esthétique qui se dégageait tout en étant curieux des personnes qui faisaient les graffitis à New-York. J’avais pris quelques clichés avant mais c’est pour documenter ce truc que j’ai récupéré un appareil photo. Ma méthode consistait à prendre des séries de photos de graffitis divisés en différentes parties que je collais ensemble après. J’y étais en partie obligé car je les regardais passer sur les trains à partir d’une station de métro. Et entre moi et le quai d’en face, là où le métro s’arrêtait, il y avait deux voies qui me séparaient de l’exact endroit où le métro s’arrêtait. Donc, voilà comment je procédais alors que Martha prenait des photos non pas près des voies mais de plus loin, incluant en un seul cliché un graffiti et un arrière-plan, une ambiance. Nous avions des approches différentes. Elle prenait sa voiture pour aller chercher des endroits d’où elle avait un point de vue privilégié alors que je prenais toujours le train. Le matin, je passais dans tout le Bronx. Nous vivions tous les deux dans l’Upper West Side donc le Bronx était ce qu’il y avait de plus pratique pour nous deux, donc de nombreux writers de Brooklyn venaient nous demander : « Quoi de neuf? Comment ça se fait que vous n’alliez pas à Brooklyn ? QU’est-ce qu’elle vous a fait la BMT (le réseau Brooklyn-Manhattan)? Pourquoi vous restez que sur l’IRT (le réseau Bronx-Manhattan)? Mais c’était vraiment juste une question géographique, de là où nous vivions, parce que nous habitions tous les deux sur l’IRT, et que le matin, lorsqu’on allait dans le Bronx, nous avions la meilleure lumière… Nous avions le soleil dans le dos qui brillait sur les pièces à l’heure de pointe. On pouvait tout avoir à ce moment-là.         

Quand avez-vous rencontré Martha Cooper pour la première fois ?

Je l’ai rencontrée pour la première fois en 1980. J’exposais mes photos à la galerie OKHarris dans Soho. J’avais déjà entendu parler d’elle par le téléphone arabe de writers qui me disaient : « Yo, il y a cette dame qui prend des photos dehors comme vous aussi ». Et c’est aussi de cette façon qu’elle a entendu parler de moi.


Donc pendant quelques années vous avez travaillé simultanément sur Subway Art avec
Martha Cooper et sur le  film Style Wars avec Tony Silver (qu’il repose en paix) ?

Ouais, Tony et moi avons commencé à faire Style Wars en 1981 et Martha et moi sommes allés à la foire du livre de Francfort en 1982 et c’est là-bas que nous avons signé un contrat avec une maison d’édition.

Est-ce que cela a été difficile de faire publier un livre sur le graffiti alors qu’aucun livre d’art de la sorte n’avait été publié auparavant ? A l’époque, qu’est-ce que les éditeurs vous répondaient généralement ?

Ils nous disaient non, tout simplement. Martha et moi avons essayé à la fois ensemble et séparément de signer des contrats d’édition à New-York. Ce que nous faisions, c’était d’aller dans les librairies, on regardait les livres d’art et on se disait : « Oh, ça, ce serait un bon éditeur ». Donc, après avoir trouvé les éditeurs potentiels, nous allions les voir pour les rencontrer et ils refusaient tous, pour différentes raisons. Mais je crois surtout qu’ils ne voulaient pas s’engager dans quelque chose de si impopulaire parce que plus on montait dans les échelons de la culture, plus c’était mal vu, de pire en pire à partir du conseil d’administration du Musée d’Art Moderne.

A un échelon plus « underground », plus près de la rue ou du monde du street art, comment percevait-on le graffiti au début des années 80 ?

Il y avait déjà quelques galeries qui émergeaient dans le Lower Manhattan et dans le Bronx, il y avait Fashion Moda (un espace dédié à l’art alternatif qui existait entre 1978 et 1993). Donc en 1981, 1982, il y avait déjà une sorte de mélange entre les artistes européens, ceux du centre de New-York, ceux du quartier qui étaient pour la plupart des writers et d’autres encore. C’était là que les writers se rassemblaient. Il y avait des endroits comme la galerie Fun dans le centre de la ville qui était un haut lieu de prédilection des writers et c’était assez merveilleux parce qu’on y trouvait la brillante scène du graffiti du centre-ville et ces gamins de toute la ville venant des cinq boroughs pour traîner ensemble et il y avait quelque chose de fascinant. Je crois qu’ils apprenaient beaucoup les uns des autres.

Vu l’impact qu’a eu Subway Art sur de si nombreux artistes à compter de la première publication en 1984, combien de temps s’est-il écoulé avant que vous n’ayez des retours provenant de ceux qui se sont directement inspirés du livre ?

J’ai commencé à recevoir des lettres juste après la publication. Et c’est pour ça que j’ai fait Spraycan Art après, parce que j’en recevais de partout. Vu que Subway Art avait été bien reçu, je me suis dit qu’il y avait matière à faire un autre livre. James Prigoff m’avait déjà exhorté à me joindre à lui pour faire un livre. Il avait déjà élaboré de nombreux livres sur les murals et voulait en faire un sur les murs. « Je ne sais pas, lui ai-je dit, ce n’est pas aussi digne d’intérêt que les trains ». Mais lorsque je me suis mis à recevoir ces lettres, je lui ai finalement dit : « Hey Jim, allons-y, faisons ce livre ».

Et bien évidemment, avant qu’il n’y ait Internet, dans les années 80, les livres et les magazines présentant l’art du graffiti avait un rôle plus important.

Ouais, à l’époque, tout était imprimé. Les magazines et les livres portaient vraiment le message. Et lorsque l’on pense aux trains eux-mêmes, ils étaient un média important et circulant en plus. Je pense que c’est la raison pour laquelle ça a atteint le genre de seuil critique et que ça a décollé, parce que c’était sur les trains. Ce n’était pas quelque chose de propre à certains quartiers. Donc, des gamins de toute la ville voyaient les graffiti et se disaient : « Ok, je veux essayer » et avant il y avait beaucoup de liens qui se créaient. Tu avais des writers de Brooklyn qui faisaient équipe avec des writers du Bronx et de Manhattan donc les sortes de lutte de gang pour un territoire n’étaient plus pertinentes. Ca s’est transformé en une jalousie qui portait sur les lignes et sur les dépôts que certains dominaient. On pouvait se faire embrouiller pour ça mais dans l’ensemble, le phénomène outrepassait toutes ces jalousies territoriales et des gens de toute la ville se mêlaient les uns aux autres.

En ces temps difficiles pour la ville de New-York et pour la MTA (Metropolitan Transportation Authority) qui cherchent de nouveaux revenus/financements, pensez-vous que l’on puisse voir réapparaître des trains couverts de graffiti ?

Je pense que la MTA préférerait se tirer une balle dans le pied plutôt que de permettre la réapparition de graffitis sur train. Le souvenir de la chose est trop récent pour eux et a été trop humiliant, et ils ont versé trop d’argent pour résoudre le problème. Je ne crois pas que ce sentiment ait disparu. Politiquement parlant, ce serait une très mauvaise chose que le graffiti sur train refasse surface. Je ne crois pas que ça arrivera. En fait, ce serait génial s’ils (les dirigeants de la MTA) pouvaient inviter les gens à faire de l’art sur les trains, au lieu de mettre des publicités débiles qu’on est obligé de regarder comme ils le font actuellement.

Lorsque l’on va au musée de la MTA qui est à Brooklyn ou à la boutique de la gare de Central Station, parmi les innombrables livres, cartes postales et souvenirs faisant référence à l’histoire du réseau ferré, il n’y a pas un seul objet qui se réfère à l’époque des graffitis sur le réseau. N’est-ce pas surprenant ?

Ouais, ils font comme si cela n’avait jamais existé.

Au fil des années, Subway Art s’est vendu à environ 500000 exemplaires sur toute la planète. Imaginiez-vous un tel accueil, de surcroît à l’échelle mondiale ?

Martha, en tant que photographe professionnelle, m’avait dit que nous aurions déjà beaucoup de chance d’en vendre 1000, mais nous voulions vraiment en avoir un, l’avoir entre les mains, un livre, un document. Donc, ça c’était plus ou moins l’idée générale qu’on avait. Les éditeurs en publièrent d’abord 3000 copies et au fil des ans augmentèrent peu à peu les tirages. Mais ils furent pris par surprise. Le livre inscrivit Thames & Hudson (éminent éditeur de livres illustrés) dans un type d’ouvrages dans lequel l’éditeur n’avait jamais travaillé auparavant, à savoir le livre de poche. Ce dernier étant devenu une activité qui leur rapporte  aujourd’hui énormément.   

Et c’est Chronicle Books qui publie la nouvelle édition, ici, aux Etats-Unis ? Cette réédition pour le 25ème anniversaire du livre est bien plus grande, quelles sont les différences entre la nouvelle édition et l’originale ?

Oui, c’est Chronicle Books qui le publie ici, aux Etats-Unis et Thames & Hudson qui le publie en Europe et qui l’a ensuite vendu à Chronicle Books ici.

Cette réédition pour le 25ème anniversaire du livre est bien plus grande, quelles sont les différences entre la nouvelle version et l’originale ?

La différence majeure est que nous avons enlevé les textes et avons axé le livre sur les photographies, bien sûr, vu que le livre est grand, les photos sont désormais énormes et ce qu’il reste de texte ne prend que peu de place. Il y a un avant-propos et une postface où l’on commente la chose dans sa globalité, le phénomène et c’est tout. Le reste, c’est juste un grand livre de photos. Et je pense que les éditeurs ont vraiment fait du bon boulot quant à la couleur et à la conception du livre. Et ils ont toujours les dépliants de mes montages de Dondi, Blade et d’autres et ils sont plus grands que ceux de l’époque. Et le livre a davantage de pages… et 70 nouvelles images.