samedi 29 septembre 2012


Kings

Page 54

Les auteurs de graffiti couronnent souvent leurs tags et leurs pièces littéralement, cette couronne symbolise un de leurs objectifs, à savoir devenir un ‘king’(un roi). Cela correspond à une affirmation de certaines prérogatives territoriales sur une certaine ligne ou de droit de propriété qui s’exerce en plaçant son nom plus que quiconque sur la dite ligne. Deux writers peuvent bien faire la course à celui qui placera le plus de ‘throw-up’ sur une ligne pour en devenir le ‘roi’ mais les writers les plus respectés et les plus reconnus qui deviennent des ‘kings’ sont invariablement les meilleurs artistes.  
La plus grande prouesse d’un writer est d’être à la fois présent partout et un maitre du style. En effet, un artiste, en dépit des qualités évidentes, ne peut devenir un ‘king’  en ayant pour seul fait d’armes quelques wagons mêmes très beaux. Il doit, pour devenir et rester roi, poser, poser et poser encore.
« Un ‘king’ est un writer avec qui on veut soit poser soit se battre » (Iz the Wiz).

vendredi 28 septembre 2012


Crews

Page 50

     Les initiales, comme OTB (‘Out Ta Bomb’) ou CIA (‘Crazy Inside Artists’), qui accompagnent les noms des writers, sont celles qui représentent la bande. Un crew, selon T-Kid, est « un groupe de mecs qui travaillent ensemble pour arriver à un but : être au top sur toute la ville ». Les crews se composent d’amis qui se font confiance, « un groupe de frères qui se reconnaissent dans la loi de la rue les uns les autres ».
     Organisations relativement libres, les writers peuvent appartenir à plus d’un crew et être associé à plusieurs. En conséquence, une pièce portera souvent les initiales de plusieurs crews. Du fait de la mobilité des writers, les crews transcendent les traditionnels secteurs des gangs tenant certains quartiers et se servent de toute la ville pour trouver de nouveaux membres, ce qui reflète souvent la nature interraciale du monde du graffiti. Le Vamp Squad, par exemple, compte dans ses rangs des gamins d’origine péruvienne, écossaise, italienne, africaine, jordanienne, portoricaine et albanaise et ils viennent de Manhattan, du Brooklyn, du Bronx, de Staten Island et de Yonkers.
     Il existe un fort sentiment d’appartenance au sein d’un crew et les membres d’un groupe excluront tout writer qui ne pense qu’à lui-même. Un crew populaire attirera de nombreux débutants qui voudront avoir le privilège de porter le nom du groupe. Les membres d’un groupe gardent jalousement ce privilège et barreront le nom de leur groupe s’il n’est pas taggué par un des leurs.    

jeudi 27 septembre 2012


Writers and Crews
Page 41

     Un writer dit que tu peux toujours repérer un autre writer aux taches d’encre sur ses mains et à la manière dont il regarde les trains passer. Lorsque deux writers se rencontrent pour la première fois, ils se demandent : « c’est quoi ton blaze ? ». Les amis d’un writer sont presque toujours des writers eux-mêmes. Ce sont généralement des garçons en âge d’aller au lycée mais il y a toujours eu des filles aussi, comme Barbara et Eva 62 autrefois, Lady Pink, Lady Heart et Lizzie aujourd’hui. Les writers viennent de tous les milieux, ethniques et économiques : ils ont aussi bien pu grandir dans le South Bronx ou l’est de New-York qu’à Soho ou sur Park Avenue. Ils se retrouvent dans certains endroits de la ville comme au ‘Writer’s bench’ (le banc des writers) à la station Grand Concourse dans le Bronx. On les trouve là, n’importe quel jour d’école de la semaine, à s’échanger des ragots et des sketchs, à comparer les brûlures qui passent sur les trains et à se vanter des dernières embrouilles avec la police. 

mercredi 26 septembre 2012


Techniques

Pages 32 et 34

La création d’une pièce nécessite une grande préparation. Les writers esquissent à l’avance leur pièce, dessinent soigneusement les contours, les personnages et posent leur aplat de couleurs. Le writer se procure et accumule les bombes de peintures soit par ses propres moyens soit en invitant d’autres writers qui ont de la peinture à la partager avec lui. Acheter de la peinture revient trop cher et n’est de toute façon pas considéré comme « sport », ainsi la première tâche d’un writer en herbe est d’apprendre à comment voler ses bombes pour son mentor.
Chaque apprenti writer possède un sketchbook dans lequel il s’exerce à faire des pièces. A ses propres pièces, il faut ajouter celles d’autres writers qu’il peut ensuite utiliser comme modèles. Et, évidemment, il doit passer des heures à regarder passer les trains. Selon Dez, un expert du graffiti âgé de seize ans, il n’y a pas trente-six manières d’apprendre à faire du wildstyle et rien ne saurait remplacer le temps passé à regarder les trains. Pour commencer ce qu’il faut plutôt faire, c’est repasser par les débuts et l’histoire de l’art du graffiti, à savoir aller du simple vers le complexe : « Quand tu commences et qu’un king te donne des techniques et du style, au début c’est dur, c’est pour ça qu’c’est plus facile de passer du throw-up au début, aux lettres-bâtons puis à du semi-wildstyle et enfin au wildstyle. Et après, t’es libre de faire ce que tu veux. Au lieu de vouloir faire une première pièce fantastique et qui en fait ressemble à rien, vaut mieux gravir les échelons un par un. Sinon les trains ne riment à rien».
Une méthode utilisée par les writers pour perfectionner leur style est de prendre des photos. Les writers prennent toujours des photos de leurs travaux, à la fois pour garder une trace et comme outil leur permettant de s’améliorer. Il n’existe pas vraiment d’autre moyen d’étudier une pièce sur train correctement, vu que les trains ne restent que rarement suffisamment longtemps à l’arrêt au bon endroit. « On prend des photos parce que ces dernières nous permettent de nous rendre compte des erreurs qu’on fait et la prochaine fois qu’on ira peindre, ce sera mieux et on s’améliorera » déclare Dondi.
Une fois le train choisi, le writer aligne ses bombes par couleurs, et se met au travail. Il commence d’abord par dessiner un contour à l’aide d’une bombe de couleur claire, posant les bases de ses lettres grossièrement. Il remplit ensuite et ajoute un nuage ou un décor d’arrière-plan avec des personnages. Après, il ajoute des motifs ornementaux au lettrage. Un des procédés utilisés est celui du ‘fading’, deux couleurs se mélangeant l’une dans l’autre. Pour terminer, il trace le second contour. Cette étape, qui définit l’aspect final, est cruciale pour la pièce et nécessite une ferme prise en main de la bombe. En effet l’apprentissage du contrôle du débit de la bombe est difficile. Il faut que la main bouge rapidement et avec précision lors du traçage du contour, pour éviter les coulures. Un ‘whole-car’ peut prendre jusqu’à huit heures et nécessite vingt bombes de peinture.
Un wagon de métro fait soixante pieds de long (une petite vingtaine de mètres) et douze de haut (un peu moins de quatre mètre). Pour faire un ‘top-to-bottom’ dans un dépôt, où il n’y a pas de quai, le writer doit monter sur le wagon et s’accrocher d’une main pendant qu’il peint avec l’autre ; ou bien, si ces jambes sont suffisamment longues, s’appuyer sur le wagon d’à côté pour peindre.       

mardi 25 septembre 2012


La Gloire

Page 28

   Le but ultime que les writers n’ont cesse de rappeler est la gloire. Du fait du nombre élevé de writers dans la ville -qui se chiffre en milliers- celui qui souhaite la gloire doit ressortir de la masse. La concurrence est très forte. On peut être un ‘king’ de différentes manières, un ‘king’ d’une ligne, ‘king’ des intérieurs ou bien un ‘king’ du style. Le writer est jugé sur sa maîtrise de la peinture ainsi que sur le nombre de trains qu’il peint. Toutes les nouvelles pièces sur une ligne sont sujettes à un examen minutieux de la part de critiques autoproclamées. Mais le plus important dans l’esprit des gamins regardant les trains est de savoir ‘qui a fait une brûlure ? C’est à dire quelle pièce est la meilleure. Les délibérations sont intenses et le choix final est toujours soumis aux controverses.

   Une fois qu’un writer est en haut de l’affiche, il se retrouve sur un fil au-dessus du vide. Pour rester au top et au-dessus de la masse des prétendants au trône, il faut qu’il peigne encore et encore. Prestige et admiration viennent ensuite comme récompenses, des récompenses dont il ne souhaite se détacher. Lorsqu’un writer arrête pour de bon, rapidement, les gens l’oublient et de nouveaux ‘kings’ prennent sa place.

Repasser//Toyer

Page 29

   La première règle du graffiti est de ne pas repasser le travail d’un autre writer car il s’agit d’un manque de respect. Néanmoins, étant donné le nombre élevé de writers  et l’espace limité sur les trains, la concurrence demeure très marquée. Les arrangements ont toujours existé avec le ‘toyage’, que ce soit une discussion, un paiement en espèces (celui qui a été offensé repasse celui qui l’a offensé), un paiement en bombes de peintures ou même un coup de poing dans la figure. Certains writers repassent d’autres writers  délibérément pour les mettre au défi. Blade déclare que lui et Comet inventèrent les ‘blockletters’ « juste pour recouvrir les autres ».

Copiage

Page 29

   Les writers chérissent l’originalité et cette dernière passe devant tout le reste. Même s’ils empruntent beaucoup d’images des comics et de la télé, les writers méprisent ceux qui se copient et ils s’accusent donc de copiage. Seen et Kid Panama se disputent la primeur de l’utilisation de cet œil volant.

La Brûlure

Page 31

   La définition qu’en fait Skeme : ‘Le Pose Deal était mortel, mais c’était pas une brûlure, parc’que les couleurs ne claquaient pas, elles n’étaient pas extraordinaires. Pas comme le Daze, Skeme et Due… le Daze c’est vraiment une putain de brûlure, le style déchire vraiment, le nuage aussi et les couleurs ressortent bien. Donc, c’est une brûlure. Y’a tout ce qui faut pour faire une bonne brûlure. Les couleurs, les lettres et le nuage sont putain de mortel. Ca peu aussi être des connections, des flèches…’