samedi 28 juillet 2012
mercredi 25 juillet 2012
mardi 24 juillet 2012
lundi 23 juillet 2012
dimanche 22 juillet 2012
samedi 21 juillet 2012
La traduction de l'interview de John Fekner
L'article original http://blog.vandalog.com/2011/03/interview-with-john-fekner/
Dans les années 70, seuls quelques artistes utilisaient les
rues pour toucher les gens, communiquer et en fin de compte pour faire de
l’art. Accompagné de Don Eicht, son collaborateur de toujours, John Fekner
apporta de l’art et de l’aide dans des coins de New-York où ce manque se
faisait cruellement ressentir à l’époque. Parmi les centaines de messages que
John peignit à la bombe dans tout New York, on peut
citer :« Decay/Abandoned », « Wheels Over Indian
Trails », « Post No Bills, Post No Dreams ». Ce que
certains appelèrent vandalisme, d’autres virent cela comme des messages de
bienvenue, enfin certains virent cela comme un appel du pied à la ville pour
qu’elles réparent certaines choses.
Vous avez vécu à
New-York toute votre vie, et commencé à faire de « l’art public » en
1968, qu’est-ce qui vous a poussé à faire de l’art dans l’espace public ?
J’étais un gamin de la ville,
dès que je sortais de chez moi, l’environnement était littéralement dur :
du béton, de l’asphalte, des marteau-piqueurs, des feux de signalisation. Les
usines de Long Island étaient seulement à quelques blocks. En été, on jouait au
handball, en hiver on faisait du hockey sur roller et ainsi de suite. Tout le
temps dans la rue, Sunnyside, Woodside, Jackson Heights. Mon premier message à
l’extérieur fut aux Jackson Heights, là où je traînais pas mal quand j’étais
ado dans les années 60. A 17 ans, avec quelques amis, on traînait sur le toit
de la maison du parc, et sur le devant, on a écrit la phrase « Itchycoo
Park » en lettres de deux pieds de haut (environ 60 cm).
Quelle a été
l’influence de votre vie à New-York sur votre travail ?
Vivre à New-York, c’est voir la
crasse qui s’échappe au-dessus des appartements, des cheminées, des moteurs
diesel, l’odeur de kérosène près de La Guardia (un des aéroports de New-York).
C’est une relation d’amour et de haine entre industrie et technologie.
Don Leicht et vous
avez collaboré pendant des années. Comment et quand vous êtes-vous
rencontrés ?
On s’est rencontrés à la fac
dans le Bronx en 1973. Lors du premier cours de critique, on s’est chacun
pointé avec un quelque chose d’invisible, moi c’était des portraits et lui des
récits abstraits. La classe était stupéfaite, ils voyaient rien, on s’est bien
entendu direct’, normal pour des signes Balance nés en Octobre.
Quand avez-vous
décidé de collaborer ?
Ca a commencé avec le studio
qu’on partageait en 76 ; on cachait des œuvres à l’intérieur de l’immeuble
et on dessinait à la fois sur les murs extérieurs du bâtiment.
Quelle a été la
collaboration que vous avez le plus appréciée ?
La collaboration est la chose
dont je me rapproche le plus lorsque l’on travaille à mettre en place un
message. Avec Don, on échange des idées, le voyage visuel est fait de méandres
et de détours mais en fin de compte, on finit avec une image unie qui marche.
Parfois, il mène le truc, parfois je reprends la main à un certain moment. La
peinture finie est un mélange de nous deux. Il n’y en à pas un qui peint ci et
l’autre qui dit ça. C’est un peu comme un parolier avec un joueur de piano.
Parfois, la musique vient en premier, parfois les mots et vice-versa. Chacun
joue avec ce que l’autre apporte.
Le projet des
« Warning Signs»(signaux d’avertissement) a mis en lumière certains
quartiers de New-York et des communautés qui avaient, à cette époque besoin
d’aide . Pouvez-vous m’en dire plus sur ce projet et comment cela vous
a-t-il aidé à devenir l’artiste que vous êtes aujourd’hui ?
J’attachais beaucoup
d’importance à mon environnement direct et je me demandais pourquoi quelque chose
de cassé n’était pas réparé. J’ai essayé de mettre l’accent sur un problème que
certains gardaient en-dehors de leur champ de vision, je l’ai rendu plus
visible. Les problèmes ayant trait à la condition humaine et l’environnement
sont toujours aussi importants et il faut leurs apporter une réponse. Ils sont
d’ailleurs toujours présents dans des travaux plus récents, que ce soit dans un
clip ou bien une série de peinture.
En m’intéressant à
votre œuvre, j’ai découvert que vous aviez étudié la poésie lorsque vous étiez
adolescent. Comment la poésie influence-t-elle vos travaux ?
La poésie est comme la vie, un
instant et puis, ce dernier a disparu. C’est un bref reflet de ce qu’est la
vie, un écho instantané, quelques secondes d’une vie capturé en quelques mots.
Qu’est-ce qui inspire
John Fenkner ?
La découverte ou l’exhumation de
quelque chose qui touche la fibre sensible. Quelque chose qui m’oblige
suffisamment à devoir réagir immédiatement et donc créer et passer par le média le
plus approprié.
Votre endroit préféré
à New-York ?
Sous le viaduc de Sunnyside, à
écouter ces échos éternels : http://www.flickr.com/photos/41101207@N00/2195426639
Et n’importe quelle rue de New-York qui a des pavés. Ca me rappelle ceux qui ne
sont plus là, famille et amis. Marcher dans ces rues très tôt le matin pendant
les vacances quand il n’y a personne… C’est comme si t’allais croiser Edward
Hopper.
Vous travaillez
généralement avec des pochoirs et du métal. Pourquoi les pochoirs ?
Pourquoi le métal ?
Les pochoirs sont sujets à cette
proclamation officielle en ce moment… Don’t Enter-Don’t Built. Du métal se
dégage un aspect industriel et il reflète bien la destruction de
l’environnement avec ces autres coupables que sont le plastique et le
caoutchouc. C’est tellement peu naturel et pourtant si naturel pour nous les
habitants des villes.
Il y a également la
musique et les ordinateurs. Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec des
ordinateurs et de la vidéo ?
L’idée d’utiliser de nouveaux
outils comme la musique et la vidéo est apparue dans le milieu des années 70
avec l’apparition du caméscope portable Sony « portapac » qui n’était
pas si portable que ça. Le « Do It Yourself» était vachement à la mode
alors filmer les actions avec les pochoirs nous semblait naturel. En 1981,
l’université de New-York nous invita, Crash, Keith Harring, Warhol et moi à
tester un nouvel ordinateur et c’est à ce moment là que je créai http://vimeo.com/1567971
Le Hip-Hop semble
avoir grandement influencé votre vie et votre œuvre. Pouvez-vous expliquer le
rôle de la musique dans votre vie ? Un coup de cœur du moment ? Votre
sentiment sur la musique d’aujourd’hui et d’autrefois ?
Des artistes comme Laurie
Anderson, Alan Suicide faisaient tous de l’art et de la musique en même temps
dans les années 70. J’ai commencé à enregistrer des trucs dans la cave de mon
pote à la fin des années 70 et j’ajoutais des éléments sonores à mes installations
qui allaient à l’intérieur. A partir de l’hiver 1979, je passais beaucoup de
temps à Fashion Moda, j’ai récupéré pas mal de beats/rap et j’ai fait quelques
discs avec Bear 167 du Bronx sud. J’aime toujours ajouter des éléments sonores
sur mes vidéos. En ce moment, j’écoute différents trucs comme Lower Dens, Animal Collective, Panda Bear, Woodsman, tout ce qui sonne
pas fini, comme un fond sonore, je kiffe !
Que pensez-vous de la scène street art new-yorkaise de nos jours ?
Le street art est le
« média visuel » le plus rapide, mieux que la publicité, le
marketing. Il y a toujours quelque chose de différent à voir quelque part sur
la planète. C’est toujours les jeunes qui apportent la nouveauté à la rue,
malheureusement on n’est pas jeune éternellement. Le carriérisme, les marques,
les projets ne cherchant que la promotion se mettent en travers de ta personne.
Et le prochain piège, c’est de s’efforcer de faire partie du troupeau d’une
galerie, mais qu’est-ce que je suis ? …Un mouton ? Voilà comment marche
le système des galeries et comment il essaie de te contrôler.
Vos
street-artistes préférés aujourd’hui ?
Il y a une gamine qui utilise des craies
de couleurs de l’autre côté du block. Elle ne fait jamais la même chose deux
fois. Je n’ose pas lui parler. J’ai hâté qu’il fasse meilleur pour voir ce
qu’elle va faire ensuite. C’est l’essence d’un grand street-artist. Il y a de
la cohérence, elle est toujours au même spot. Je ne suis pas un type en quête
de tous les murs de la planète. Comme ça, au pied levé, je te dirai que les
« Love Letters » de Stephen Powers étaient vraiment cool. Un grand
sens du lien à la communauté
D’autres
projets en vue ?
De nouvelles peintures avec Don Leicht
au studio, « Streamdropstrasse », le projet en cours Stanley Cup et d’autres
trucs en plus ailleurs.
vendredi 20 juillet 2012
jeudi 19 juillet 2012
mercredi 18 juillet 2012
mardi 17 juillet 2012
vendredi 13 juillet 2012
La traduction de l'article du Guardian
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2012/jul/09/culture-tube-graffiti
Une culture du graffiti sur métro qui se meurt
Pour les writers sur métro, l’augmentation des amendes
et la baisse continue de la reconnaissance liée à leur art mettent fin à une
longue histoire d’amour.
Ce week-end
marque le début de la fin pour tout le parc roulant de type A du métro de
Londres, ces métros qui grinçaient et
qui étaient les plus vieux du réseau.
Parmi les
anoraks et les amoureux du métro attentifs aux passages des métros, un groupe
de Londoniens quelque peu inattendu rend peut-être un dernier hommage à
ces anachronismes de métal qui roulent
avec fracas. Les writers les plus acharnés du métro londonien font en effet le
deuil cette semaine du Big Met, leur cible privilégiée depuis bientôt presque
30 ans. La ligne de métro qui rappelle le plus celui de New-York - avec ses
grandes wagons, ses panels bien lisses et spacieux sur les côtés, et ses très
longues lignes allant jusqu’au cœur de la capitale – est, depuis le milieu des
années 80, le terrain de jeu des writers les plus obstinés.
Pour la
plupart des usagers du métro, les graffitis ne sont que source d’une irritation
plus ou moins prononcée. Toujours là, dans un coin du champ de vision, sans
signification ou intention apparente sinon d’affirmer sa propre présence.
Cependant, pour d’autres usagers, tous ces griffonnages et gribouillages,
block-letters et flops sont un bulletin d’information en changement permanent,
mis à jour quotidiennement et qui relate les performances de groupes associés
ou rivaux.
J’avais 12
ans, me sentais invincible et je me demandais bien qui je pouvais être quand je
m’éveillais aux premières aventures du graffiti sur train. Je considérais cela
comme une manière de me définir et vu que j’avais toujours eu un penchant
artistique, je me suis dit que c’était un truc dans lequel je pourrais être
bon. Une fois dans le mouvement, l’appât du gain et les traditions du milieu
devinrent dures à réfréner. Tout ce qu’on avait pu faire dans le graffiti avant
n’était rien comparé aux métros. J’appris que « les vrais writers
peignaient des métros ». Des photos s’échangeaient, on se racontait des
histoires de poursuites, des légendes s’écrivaient. Un jargon londonien
apparut, les lignes et les dépôts eurent des surnoms.
Le temps
passait, et par un vieil ami, un des vétérans du graffiti sur métro à Londres,
je fis à la fois connaissance avec les tunnels et les « layups » du
métro. Cette première fois sous terre fut pour moi la découverte d’un nouveau
monde. Un monde sous 7 millions de personnes, pas conçu pour les humains, que
l’on ne voit que peu et que l’on explore encore moins. Pour arriver jusqu’au
trains, il fallait esquiver les caméras, passer par des chemins très étroits
souvent en l’air, redescendre par des pylônes. Les graffeurs se cachaient dans
les alcôves alors des agents d’entretiens bavardaient et des agents de sécurité
passaient devant eux à seulement quelques pas. Après avoir pataugé dans une
crasse noire, les trains étaient finalement atteints, au chaud dans un dépôt
dans les profondeurs du centre de Londres. Quatre heures s‘écoulèrent
entrecoupées par de fortes doses d’adrénaline et de battements de cœur aigus.
C’est lors de cette nuit que je fis connaissance pour la première fois avec les
DDS, un collectif de graffeurs qui, pendant de nombreuses années – bien plus
que beaucoup d’autres graffiti-artistes britanniques – ont représenté ce
qu’était le graffiti sur métro à Londres.
Des nuits
durant après cet épisode, je revoyais les tunnels et les trains dans mon
sommeil. Ce cocktail d’aventure et de rébellion, de camaraderie et de victoires
était proprement enivrant. Beaucoup d’autres en ont fait l’expérience comme
moi, certains bien plus souvent que moi. Une partie d’entre eux en ont fait
leur travail, et pendant des années ont risqué leur vie et leur liberté pour
réitérer cette expérience dans le métro londonien avec un dévouement et un
engagement qui confine à l’obsession.
Mais dans
le Londres de 2012 qui s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques, les choses
ont changé. Une des conséquences de la politique actuelle du métro londonien
qui consiste à retirer immédiatement les trains peints du réseau est que les
œuvres ne tournent plus. De plus, la vidéosurveillance toujours plus accrue et
les moyens high-tech en termes de sécurité pour garder les trains font que la
peinture sur métros devient une activité de plus en plus clandestine. Les
patrouilles de sécurité dans les dépôts font que ceux qui arrivent à y pénétrer
ne disposent que de quelques minutes pour peindre, alors qu’autrefois ils
avaient plusieurs heures devant eux. ‘Cela compromet la qualité du rendu
possible’ déclarent les graffeurs.
J’ai été
arrêté, poursuivi, payé d’énormes amendes, fait beaucoup de travaux d’intérêt
généraux. La scène a changé, ma vie a changé, et je me suis mis à faire plus de
légal et d’autres formes d’expression personnelle. Etant resté en contact de
manière sporadique avec la scène graffiti; bien des années après, les
protagonistes de ce qui deviendrait mon documentaire sur le graffiti sur métro
m’approchèrent. A ma grande stupéfaction, j’appris que non seulement le métro
se faisait toujours tapé régulièrement mais que les tactiques d’attaque
d’aujourd’hui étaient d’une grande complexité. ‘Mais c’est pas tout’, me
confièrent mes amis à capuche, ‘on a tout filmé’. Au fur et à mesure que je
passais davantage de temps avec eux et leurs enregistrements d’actions, il me
semblait de plus en plus clair que la culture du graffiti sur métro vivait ses
dernières heures. En effet, une campagne de nettoyage radicale est en cours,
les graffiti-artistes sont sujets à des opérations de police de grande échelle
et de longues peines de prison prononcées. Pour de nombreux writers, le fun et
l’histoire d’amour qui allait avec font désormais partie du passé et ont été
remplacé par un dur labeur y compris dans la préparation. Un dur labeur échangé
contre une récompense de plus en plus mince et des sanctions de plus en plus
sévères. Leur discours est empreint de relents de frustration, ils se sentent
incompris et diabolisés. Leurs intentions sont pures, clament-ils, ils
souhaitent simplement peindre du mieux qu’ils puissent et donner le meilleur d’eux-mêmes
dans leur spécialité. A contrario, l’ingratitude du public les décontenance
grandement.
En ayant
fait l’expérience, ils n’arrivent pas à accepter que la plupart des Londoniens
ne connaitront jamais la sensation de voir entrer en station, par un sinistre
lundi matin, un de leurs ‘wholecar’ coloré, avec un personnage et un message.
Et au vu de la situation, il se pourrait bien que cela n’arrive jamais plus.
jeudi 12 juillet 2012
lundi 9 juillet 2012
vendredi 6 juillet 2012
Inscription à :
Articles (Atom)