Style
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Le style est une idée très concrète parmi les writers. Il s’agit
de forme, de formes des lettres et de la manière dont elles sont reliées. Il
existe différentes catégories de styles, allant des bonnes vieilles ‘bubble
letters’(lettres en forme de bulles) basiques ou en formes de bâton à la menthe, au wildstyle extrêmement recherché et complexe, construction dynamique de
lettres qui s’emboîtent avec des lettres et d’autres formes qui impriment
mouvement et direction.
Le style varie en fonction du writer, du crew ou de la ligne de
métro. La ligne 6 avait, par exemple, un style qui pouvait être attribué à
l’influence d’un writer exceptionnel, Seen. Seen a eu un impact profond sur un
grand nombre de writers plus jeunes, qui n’étaient pas seulement membres de son
crew (United Artists) mais aussi beaucoup d’autres pour qui il était simplement
LE ‘king’. Il a formé plusieurs jeunes apprentis. Il leur a enseigné les
dépôts, la technique et les a laissé l’aider pour les tâches les plus simples,
comme le remplissage après le premier contour grossier. Il leur est arrivé de
poser leurs propres pièces sous ses conseils avisés et il les a aidés pour les
tâches plus difficiles, comme le tracé du contour final. Dans l’échange, les
noms des plus jeunes writers grandirent et ils apprirent des savoir-faires,
pendant que les pièces de Seen en circulation se firent plus nombreuses, son
style s’étendit et son hégémonie sur la ligne s’accrut. Des maîtres du style,
comme Dondi ou Tracy 168, prééminents sur d’autres lignes, ont eu une influence
similaire sur de plus jeunes writers, créant des écoles de disciples.
Tracy 168, un ancien explique : « J’enseignais à
T-Kid. C’était facile vu que j’avais déjà les T. Je lui ai donné quelques
lettres et des styles, le reste, il a dû l’apprendre seul. Je lui ai montré les
délires avec les boucles. Il est sorti et l’a mis sur les murs, en plus de tout
ce qu’il voyait. Je lui ai donc appris, et c’était le meilleur sur la ligne, et
en même temps, je pouvais rester chez moi et demeurer un ‘king’ ».
De nombreux writers n’aiment pas les lettrages ‘wildstyle’ parce
qu’il est difficle à lire. Pour d’autres, l’illisibilité renforce le sentiment
d’appartenance à une société secrète, inaccessible aux gens de l’extérieur.
Dondi dit que lorsqu’il taggue pour d’autres writers, il utilise le wildstyle
et lorsque c’est pour le public, il utilise des lettres droites.
En conséquent, les writers font souvent des pièces délibérément
difficiles à lire. Il existe une certaine pression à rendre un style plus
complexe, en partie pour améliorer sa réputation de virtuose et aussi pour
décourager d’autres writers qui voudraient ‘pomper’ ou le voler un style. « Je
les déroute (ceux qui voudraient copier) avec du camouflage. De cette manière,
ils ne peuvent pas me ‘pomper’ » déclare Kase 2, largement reconnu comme étant
un ‘roi du style’.
« Le wildstyle est un style coordonné puis ‘informatisé’. Voilà
ce que j’ai apporté. Personne d’autre ne peut rentrer en phase avec à part moi
parce que c’est un truc multidimensionnel. Je l’appelle l’escalier
multidimensionnel parallèle parce que c’est un style informatisé avec une
recette à étapes. C’est juste découpé à ma manière. Comme si je prenais un
couteau, que je le coupais, en tranches, je le découpe à ma manière, tu vois, et
j’appelle ça le ‘style informatisé’.
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