mercredi 26 septembre 2012


Techniques

Pages 32 et 34

La création d’une pièce nécessite une grande préparation. Les writers esquissent à l’avance leur pièce, dessinent soigneusement les contours, les personnages et posent leur aplat de couleurs. Le writer se procure et accumule les bombes de peintures soit par ses propres moyens soit en invitant d’autres writers qui ont de la peinture à la partager avec lui. Acheter de la peinture revient trop cher et n’est de toute façon pas considéré comme « sport », ainsi la première tâche d’un writer en herbe est d’apprendre à comment voler ses bombes pour son mentor.
Chaque apprenti writer possède un sketchbook dans lequel il s’exerce à faire des pièces. A ses propres pièces, il faut ajouter celles d’autres writers qu’il peut ensuite utiliser comme modèles. Et, évidemment, il doit passer des heures à regarder passer les trains. Selon Dez, un expert du graffiti âgé de seize ans, il n’y a pas trente-six manières d’apprendre à faire du wildstyle et rien ne saurait remplacer le temps passé à regarder les trains. Pour commencer ce qu’il faut plutôt faire, c’est repasser par les débuts et l’histoire de l’art du graffiti, à savoir aller du simple vers le complexe : « Quand tu commences et qu’un king te donne des techniques et du style, au début c’est dur, c’est pour ça qu’c’est plus facile de passer du throw-up au début, aux lettres-bâtons puis à du semi-wildstyle et enfin au wildstyle. Et après, t’es libre de faire ce que tu veux. Au lieu de vouloir faire une première pièce fantastique et qui en fait ressemble à rien, vaut mieux gravir les échelons un par un. Sinon les trains ne riment à rien».
Une méthode utilisée par les writers pour perfectionner leur style est de prendre des photos. Les writers prennent toujours des photos de leurs travaux, à la fois pour garder une trace et comme outil leur permettant de s’améliorer. Il n’existe pas vraiment d’autre moyen d’étudier une pièce sur train correctement, vu que les trains ne restent que rarement suffisamment longtemps à l’arrêt au bon endroit. « On prend des photos parce que ces dernières nous permettent de nous rendre compte des erreurs qu’on fait et la prochaine fois qu’on ira peindre, ce sera mieux et on s’améliorera » déclare Dondi.
Une fois le train choisi, le writer aligne ses bombes par couleurs, et se met au travail. Il commence d’abord par dessiner un contour à l’aide d’une bombe de couleur claire, posant les bases de ses lettres grossièrement. Il remplit ensuite et ajoute un nuage ou un décor d’arrière-plan avec des personnages. Après, il ajoute des motifs ornementaux au lettrage. Un des procédés utilisés est celui du ‘fading’, deux couleurs se mélangeant l’une dans l’autre. Pour terminer, il trace le second contour. Cette étape, qui définit l’aspect final, est cruciale pour la pièce et nécessite une ferme prise en main de la bombe. En effet l’apprentissage du contrôle du débit de la bombe est difficile. Il faut que la main bouge rapidement et avec précision lors du traçage du contour, pour éviter les coulures. Un ‘whole-car’ peut prendre jusqu’à huit heures et nécessite vingt bombes de peinture.
Un wagon de métro fait soixante pieds de long (une petite vingtaine de mètres) et douze de haut (un peu moins de quatre mètre). Pour faire un ‘top-to-bottom’ dans un dépôt, où il n’y a pas de quai, le writer doit monter sur le wagon et s’accrocher d’une main pendant qu’il peint avec l’autre ; ou bien, si ces jambes sont suffisamment longues, s’appuyer sur le wagon d’à côté pour peindre.       

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