La Bible (du graffiti) en français.
Je viens de mettre la main sur Subway Art et étant relativement motivé, je me suis dit que j'allais traduire le dit-bouquin. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra mais on verra à la fin ce que ça donnera, il s'agit naturellement d'une traduction officieuse et sujette à caution quant à certains termes difficilement traduisibles dans notre bonne vieille langue française. Je suis ouvert à tous commentaires pour des précisions qui pourraient rendre la traduction plus fidèle. Bonne lecture!
SUBWAY ART
Introduction pages 6-7
Alors que
des milliers de gamins apposent leur nom partout dans New-York, les chef
d’œuvres qui apparaissent dans ces pages demeurent assez rares. Les
« writers » rencontrent de nombreux obstacles dans la poursuite de
leur but ultime : « embraser une ligne de métro ». Ils
travaillent dans le noir, entourés de dangereuses machines et d’un troisième
rail sous tension, ou bien en équilibre sur les traverses de voies placées haut
au-dessus des rues. Peindre son nom sur les métros de New-York est illégal, et
les « writers » doivent être prêts à filer se mettre à l’abri à tout
moment en cas de descente de police. En plus de ces périls, ils doivent
supporter les colères de leurs parents furieux et les attaques de rivaux dans les
rues.
Tous ces
risques ne garantissent pas le succès. Un « writer » ne peut jamais
savoir à l’avance si ses travaux seront même simplement vus. Les New-Yorkais
qui prennent le métro quotidiennement sont très susceptibles de rater la crème
des travaux des graffeurs. Les graffeurs rivaux barrent littéralement leurs
noms les uns les autres et l’autorité gérant le métro nettoient
systématiquement les métros à l’aide de dissolvants caustiques. Peu de
« pièces » survivent longtemps, dans les faits, elles sont même souvent
supprimées avant de quitter les dépôts. En conséquence, il est rare que plus
d’une pièce intacte ou deux passent sur la totalité du réseau à la fois.
Pour
obtenir les photos de ce livre, les auteurs ont passé des milliers d’heures à
la poursuite des trains dans le réseau labyrinthique du métro. Pendant des
années, ils ont travaillé séparément, inconnu l’un de l’autre, photographiant
ces travaux furtifs. Leurs méthodes étaient dissemblables, découlant de points
de vue différents.
Marty, une
photojournaliste, prit des clichés des « writers » en action
poursuivant leur vocation. Elle photographia leur art sur trains qui
s’inscrivait dans le contexte d’un environnement urbain plus global. Pour en
arriver là, elle dénicha des emplacements à proximité de voies aériennes, où
elle pouvait cadrer les trains qui passaient avec l’arrière-plan de son choix. Elle
passa de nombreux jours dans des terrains vagues ou bien sur les toits
d’immeubles abandonnés dans le South Bronx, attendant parfois trois heures pour
voir passer un train en trois secondes.
Henry
commença à photographier les trains de manière à archiver cet art éphémère.
Etant lui-même un artiste, il porta son attention sur la peinture, en l’isolant
de son environnement. Un wagon de métro fait soixante pieds (environ 18 mètres) de long et ne peut pas
être pris dans son intégralité à quai avec un objectif 50mm normal. Lorsqu’il est vu
d’un angle, les détails de la peinture qui se trouve à l’extrémité la plus
lointaine ne sont plus visibles. Henry mit donc au point une méthode peu
orthodoxe de prise de vue : il se mit à attendre les wagons peints récemment des métros
aux stations aériennes sur le quai opposé à celui sur lequel les métros qui
arrivent déchargent et embarquent leurs passagers. Lorsqu’un de ces wagons
graffés arrivait, il prenait une série de quatre photos en faisant les quelques
pas nécessaires pour prendre chacune des sections du métro. Plus tard, il
acheta un appareil photo automatique qui lui permit de prendre des séries de
clichés à partir d’un seul endroit lorsqu‘un train sortait d’une station. De
cette manière et sur une période de sept années, il archiva environ cinq cents
peintures qui n’existent plus.
Au cours de
cette période, les photographes se lièrent d’amitié avec les auteurs de graffiti.
Dans les faits, ce sont même ces derniers qui présentèrent les photographes
l’un à l’autre. Marty et Henry découvrirent que leurs approches étaient
complémentaires et qu’en joignant leurs forces, ils offriraient une meilleure
image du graffiti en tant que forme d’art et partie prenante de la vie
New-Yorkaise. Lorsque les « writers » eurent vent de cet intérêt
porté à leur travail, ils tinrent les photographes informés dès qu’une nouvelle
« pièce » tournait sur le réseau.
Même si
savoir qu’une « pièce » existe et où elle est éventuellement
simplifie la tâche dans une certaine mesure, obtenir un cliché peut toutefois
s’avérer très pénible. Cela prend environ quatre heures à un train pour faire
un aller-retour de la 241ème rue dans le Bronx, de passer dans
Manhattan pour arriver à New Lots Avenue à Brooklyn. Mais même attendre une
demi-journée ne garantit pas une récompense. Il est dur de prédire de quel côté
la pièce se trouvera; le wagon peut ne pas quitter le dépôt du tout; des heures
peuvent être passées à attendre patiemment une « pièce » et juste
quand elle arrive, un train arrive de la direction opposée, obstruant la vue. Cependant,
tout ceci semble bien faible comparé à l’euphorie ressentie suite à la prise
réussie d’une « brûlure fraîche ».
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